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La nouvelle mission civilisatrice de la France, remise au goût du jour à l'aune du contentieux israélo-palestinien, me paraît désormais avoir repris du service avec la visite d'Alain JUPPE au Proche-Orient.
Estimant que le statu quo entre Israël et l'Autorité palestinienne n'était plus tenable, Alain JUPPE a donc lancé, sur la base d'un appel du Quartette, l'idée d'une conférence à Paris avant la fin du mois de juillet.
Ainsi la France espère-t-elle sans doute court-circuiter, à son avantage, la prochaine assemblée générale de l'ONU, prévue pour septembre prochain, au cours de laquelle pourrait être votée la création d'un Etat palestinien (viable ?).
Pour toutes les discussions à venir, les conditions imposées à Israël et auxquelles les Français se sont ralliés sans aucun état d'âme sont issues de la pensée obamanienne et donc, en l'état, totalement récusées par Israël.
A Paris, Le dialogue (de sourd) devrait alors s'instaurer d'emblée sur la base des frontières antérieures à la guerre des Six-Jours de 1967, la question du statut de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés étant repoussée d'un an.
A l'instar d'Alain JUPPE, on peut tout à fait penser qu'une politique des petits pas aura plus de chances d'aboutir en ne laissant aucun répit à la partie adverse plutôt que d'abattre d'un coup d'un seul toutes les cartes du jeu.
Peut-être. Mais tout cela m'apparaît complètement illusoire dès lors que l'on ne peut plus se contenter, dans notre monde définitivement globalisé, de se focaliser sur un point précis de la carte sans tenir compte de son environnement plus ou moins lointain.
Voici d'ailleurs ce qu'écrit Guy MILLIERE, grand connaisseur de la région proche-orientale, dans la postface de son dernier ouvrage : "Comme si se préparait une seconde shoah" en exergue de mon présent article :
"j'ai achevé la rédaction de ce livre en un moment où s'enclenchaient les émeutes qui, depuis, viennent bouleverser le monde arabe et le Proche-Orient.
"J'aimerais penser que ces émeutes vont conduire les pays où elles ont lieu vers davantage de liberté.
"Je pense que ceux qui y voient un grand mouvement "post-islamique" raisonnent de manière très hâtive, et laissent de côté des signes inquiétants, et très islamiques, tels le discours prononcé le 18 février place Tahrir au Caire, par Yusuf al-Qaradawi, président de l'Union Internationale des oulémas, membre du Conseil Européen pour la Recherche et la Fatwa, devant une foule en liesse.
"Je constate que la République islamique d'Iran tisse ses alliances, et les renforce.
"Je constate qu'Israël semble plus isolé que jamais, et qu'au nom d'un "printemps arabe", qu'il ne faudrait, dit-on, pas décevoir, des voix nombreuses se font entendre pour demander à Israël toutes les concessions "nécessaires" pour que le monde arabe, et le monde musulman, soient satisfaits.
"Je pressens que si le "printemps arabe" tourne mal et si les diatribes anti-israéliennes se font plus fortes, si le mouvement "post-islamique" ne se révèle pas aussi "post-islamique" que certains l'auraient imaginé, on fera retomber pesamment la faute sur Israël.
"je ne sais de quoi l'avenir sera fait. Je crains que ce qui se passera dans les mois et les années à venir, ne vienne pas réfuter ce que j'ai écrit, bien au contraire" (Guy Millière, 22 février 2011).
Cette analyse lucide de Guy MILLIERE me remémore immédiatement l'universel "ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" de Frédéric BASTIAT. Entre un mauvais et un bon Economiste, voici toute la différence : l'un s'en tient à l'effet visible; l'autre tient compte et de l'effet qu'on voit et de ceux qu'il faut prévoir.
Au vu et au su de tous les bouleversements en cours dans cette région explosive, je suis positivement terrifié à l'idée que nos élites ne voient dans le "printemps arabe" que ce qu'il leur plaît de voir à l'exclusion de toute autre vérité.
Librement !
Philippe S. ROBERT
Membre du Parti Libéral Démocrate
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