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C’est peu de dire que le monde se métamorphose à la vitesse de la lumière ! Une métamorphose soumise à une accélération jusqu’alors inédite comme si nous nous étions engagés, depuis notre entrée fracassante dans le XXIème siècle, dans une sorte de raccourci à travers l’espace-temps conduisant d’un univers à un autre, une sorte de trou de ver comme d’ailleurs l’hypothèse en est très sérieusement formulée en astrophysique.
Dans un article intitulé “La Chine réorganise l’Asie” (ici), Charles Gave attire tout spécialement notre attention sur la révolution copernicienne actuellement en cours en Chine, pour fixer les esprits un évènement qui serait de l’ordre de l’écroulement de la Grande Muraille de Chine, pour autant que l’on puisse imaginer un tel séisme dont les répliques se font déjà fortement sentir dans l’ensemble du monde asiatique et bientôt plus loin encore :
“Pour bien comprendre les enjeux en cours, il faut commencer par un constat, celui de la situation mondiale dans laquelle la Chine va évoluer dans les années qui viennent (...) Ce qui veut dire que le modèle mercantiliste chinois, basé sur un coût du travail bas, une bonne infrastructure et une force de travail docile et bien formée, est obsolète et qu’il faut donc changer de modèle. Et c’est ce à quoi le gouvernement chinois s’attelle”.
Charles Gave a toujours évolué dans le monde de la finance et a fondé GavKal-Research à Hong-Kong, une société de recherche et de conseil en gestion de portefeuille qu’il dirige toujours aujourd’hui. Il est aussi président du think tank libéral Institut des Libertés (http://institutdeslibertes.org) et l’auteur de cinq ouvrages qui ont connu le succès et dans lesquels, suivez mon regard, il prône une diminution du poids de l’Etat.
Dans l’un de ses livres, publié en 2005, “Un libéral nommé Jésus – Parabole économique”, Charles gave nous livre les clefs de l’essor de la civilisation occidentale dont la supériorité, longtemps à nulle autre pareille, doit tout au christianisme fondateur de la triple alliance de Jérusalem avec Rome et Athènes. Et c’est bien à partir des grands domaines monastiques, autour du XIIème siècle, que le capitalisme s’est diffusé à l’échelle de la planète.
Rodney Stark, professeur américain en sociologie des religions, dans son remarquable ouvrage “Le triomphe de la raison – Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme” (Editions Presses de la Renaissance, février 2007), propose sa vision des raisons qui permirent, selon ses propres termes, à l’Occident - et à l’Occident seulement à l’exclusion de toute autre civilisation - de bondir par-dessus le reste du monde dès le Moyen-Âge.
“Le monde moderne a pris son essor seulement dans les sociétés chrétiennes. Pas en terre d’islam. Pas en Asie. Pas dans une société “sécularisée” : il n’y en avait pas. Et toute la modernisation qui a depuis gagné l’extérieur de la chrétienté a été importée d’Occident (...) Aujourd’hui que le capitalisme prospère dans nombre de nations récemment libérées de l'oppression soviétique et que les Chinois ont pris le mors aux dents (...) la Russie autant que la Chine essaient de bâtir des économies capitalistes. Il reste à voir si l’une ou l’autre peut offrir la liberté sans laquelle un capitalisme efficace est impossible”.
Selon Charles Gave, voici comment la Chine contemporaine en plein aggiornamento compte désormais s’y prendre pour imposer son leadership d’abord en Asie puis, à terme, dans le monde entier. En un mot comme en cent, ça va chauffer bien plus fort que le réchauffement climatique dont les citoyens font les frais dès lors que les politiques refusent de faire le moindre effort de réflexion sur la valeur des prédictions catastrophistes d’un GIEC en folie.
“L’Etat chinois existe sous une forme ou sous une autre depuis au moins 4.000 ans, ce qui donne un certain recul à ceux qui le dirigent. Et il faut bien comprendre qu’une période se termine en Chine, et qu’une autre commence. Et que donc les autorités sont en train de changer de stratégie (...) On voit donc très bien les lignes de force du projet chinois.
1. Soutien financier aux pays en forte croissance en Asie. Financement des infrastructures de communication partout en Asie.
2. Internationalisation du yuan, appuyé sur la place financière de Hong-Kong.
3. Création d’un marché obligataire en yuans, d’abord à Hong-Kong, puis partout dans le monde.
4. Cela requiert une monnaie forte, un abandon des activités à faible valeur ajoutée telles le textile ou les matières premières, un développement de la technologie et des universités, et bien sûr l’émergence d’un état de droit en Chine, ce qui ne va pas être facile, mais les autorités pour la première fois utilisent le mot dans tous leurs
discours (...) Antoine de Saint-Exupéry savait que pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agissait pas de prévoir, mais de le rendre possible. Je n’ai, pour ma part, jamais rien prévu, je m’efforce juste, encore et toujours, de comprendre les possibles”.
Voilà qui est d’un sage. A bon entendeur...
Librement !
Philippe S. Robert
02400 FRANCE