Avec la prétention affichée de moderniser l’UMP tout en affirmant que l’expérience passée lui a servi de leçon et a fait de lui un homme neuf, une prétention que j’ai eu personnellement tôt fait de récuser en mon for intérieur, Nicolas Sarkozy tente un retour gagnant sur la scène politique française.
A l'époque, tout en laissant ses chances au nouveau Président de démontrer par des actes forts sa volonté de réformer la France en profondeur, j’avais dès la mi-2007 perdu tout réel espoir d’aggiornamento auquel le ton original de la campagne pour l'élection présidentielle m’avait pourtant permis de croire fugacement.
Ainsi le Nicolas Sarkozy modèle 2007 amélioré 2015 m’apparaît-il sous les traits de quelqu’un d'hier présentant tous les attributs d’une personnalité mouvante, ôtée de toute vraie conviction libérale et tirant des bords en tous sens dès lors qu’elle se trouve confrontée au moindre vent debout du politiquement incorrect.
C’est mon avis qui, d’ailleurs, n’engage que moi mais que naturellement je m’oblige, par honnêteté intellectuelle, à justifier auprès de vous. En voici des éléments de preuve suffisamment solides à mes yeux pour qu'il me soit permis d'affirmer que nous assistons, avec le retour de Sarkozy, à une conversion en trompe-l'oeil.
Je vous prie donc de trouver ci-après un extrait de la lettre ouverte adressée à Nicolas Sarkozy par Grégoire Leclerq, président de la Fédération des Auto-entrepreneurs (FEDAE), justifiée, selon M. Leclerq, par les déclarations intempestives formulées par l'ex-Président sur l’auto-entreprenariat.
“Monsieur le Président, la Fédération des Auto-entrepreneurs que je préside a réagi vivement à vos propos tenus à l’antenne de France Info sur le régime de l’auto-entreprise (...) Vous avez affirmé vendredi 13 mars que ce régime serait sujet à concurrence déloyale avec les artisans, et qu’il en deviendrait même un caillou dans votre chaussure. Vous comprendrez aisément notre surprise, voire notre colère, à l’écoute de ces affirmations.” (texte intégral ICI)
Les oreilles d’Hervé Novelli, ancien secrétaire d’Etat véritablement libéral dans le gouvernement Fillon II, ont dû lui tinter avec une insistance toute particulière, lui qui fut à l’origine du statut d’auto-entrepreneur que Nicolas Sarkozy semble a posteriori regretter amèrement d'avoir permis.
L’avenir n’est plus fait de nostalgie et encore moins de tergiversations d'ordre plus ou moins idéologique : aujourd’hui, l’avenir appartient à celui qui aura le courage politique de mettre un terme définitif à un monde révolu pour entrer de plain-pied dans la nouvelle vague annoncée par l'irruption planétaire de l'Iconomie.*
En tout état de cause, je crains fort que Nicolas Sarkozy ne soit pas plus aujourd'hui l'homme de la situation qu'il ne l'a été précédemment durant les cinq années de son mandat, une occasion perdue qui n'aurait jamais dû l'être aggravée, comme chacun peut s'en mordre les doigts, par la fâcheuse accession au pouvoir de François Hollande.
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*Christian Saint -Etienne : "L'Iconomie pour sortir de la crise" (Odile Jacob, septembre 2013).
Librement !
Philippe S. Robert
02400 FRANCE
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