La France se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins en ce qui concerne son avenir dans un monde ouvert dont elle semble, consciemment ou non, rejeter par principe le meilleur comme le pire de ce qu’il peut offrir à l’humanité elle-même soumise, volens nolens, à une mutation de première grandeur inédite dans toute l’histoire du monde.
L’accélération inouïe de l’aggiornamento planétaire auquel nous sommes actuellement conviés devrait inciter les élites, et en premier lieu les responsables politiques pour autant qu’ils soient moralement et intellectuellement suffisamment armés pour ce faire, à prendre toute la mesure de l’ère nouvelle propre à révolutionner l’humanité entière.
Dans notre cher et vieux mais infortuné pays soumis à une arriération politique de longue date honteusement assumée, il est désormais devenu vital d’exhumer de l’oubli volontaire dans lequel, par pure indigence d’esprit, sont relégués nos plus féconds économistes d’hier dont la pensée libérale est aujourd’hui passible du bûcher.
Je pense tout spécialement à Frédéric Bastiat (1801-1850) dont il n’est pas nécessaire de sortir de l’Ecole nationale d’administration (ENA) pour comprendre et aimer l’oeuvre lumineuse. Car s’il est aujourd’hui une voix, fût-elle d’outre-tombe, à laquelle nos gouvernants devraient prêter l’oreille la plus attentive, c’est bien celle de Frédéric Bastiat !
Car figurez-vous que ce visionnaire (au sens noble du terme), animé au plus haut point de l’amour de son prochain, s’est fait un devoir moral et politique de scruter puis de rendre intelligibles et dans la mesure du possible aimables au plus grand nombre les lois de l’économie enrichies de ce qu’il y a de plus authentique dans le bon sens populaire.
Dans son ouvrage (collectif) “Aimez-vous Bastiat ?” (Romillat, 2002), Jacques Garello présente Frédéric Bastiat (voir en quatrième de couverture) de la façon la plus simple et la plus heureuse qui soit, à l’image même de la personnalité de l’économiste de la liberté dont il n’a cessé, envers et contre tous, de promouvoir l’oeuvre exceptionnelle :
“Une pensée qui éclaire le monde contemporain, ses crises, ses injustices, et aujourd’hui ses dangers. Un homme qui redonne l’espoir, parce qu’il croit au progrès, à la paix, à l’harmonie. Des formules fracassantes, des mots simples pour nous convaincre, nous enthousiasmer”.
Et non seulement à l’intention des Français tenus volontairement dans l’ignorance de leur grands anciens mais aussi, m’apparaît-il, à l’intention toute spéciale de nos élites dirigeantes affligées d’une cécité qui doit tout à la présomption fatale décrite par Friedrich Hayek, Jacques Garello poursuit en ces termes à l’opposé de toute idéologie par nature obscène :
“Mais savez-vous seulement qui est Bastiat ? Le découvrir, c’est l’aimer. Vous aimerez Bastiat. Il vous rendra optimiste. Vous passerez d’inoubliables moments en sa compagnie. Vous chasserez de vos esprits toutes les stupidités diffusées par les médias, vous chasserez de vos cœurs tous les sentiments d’amertume et de révolte pour regarder le nouveau millénaire avec les yeux de la foi. De celle qui renverse les montagnes”.
En France bien plus qu’ailleurs, nous sommes à l’évidence parvenus à un tel degré de dépendance de l’Etat pour tous les actes de la vie, au point d’ailleurs de nous retrouver pris dans une nasse étatique devenue, au fil du temps, hermétique ou peu s’en faut, que l’on a même réussi le tour de force de faire étroitement rimer liberté avec servitude !
Frédéric Bastiat dans le texte : “Il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères de la nation, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle”. Gouverner requiert une ascèse où les notions de compétence et plus encore, peut-être, d’humilité sont indissociables. Suivez mon regard...
Librement !
Philippe S. Robert
FRANCE
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