J’ai beau me livrer à toutes les contorsions intellectuelles possibles, je ne parviens toujours pas à comprendre par quelles voies mystérieuses un esprit normalement constitué, comme a priori nous en sommes tous dotés, peut s’affranchir de la moindre réflexion de bon sens ?
Pour essayer de donner consistance à mon interrogation existentielle, je m’appuierai sur les propositions émanant d'éminentes personnalités politiques en matière de réforme fiscale dont la France, à la remorque des temps nouveaux qui s’imposent à tous, a désormais le plus urgent besoin.
Pour ne pas mourir idiot, comme l’on dit, j’ai lu avec attention le petit livre (68 pages) intitulé “Pour un impôt juste, prélevé à la source” (Fondation Jean Jaurès, sept. 2015) de Jean-Marc Ayrault et Pierre-Alain Muet. Les deux premières parties sont consacrées à une brève histoire de l’imposition en France. Très bien.
En troisième et dernière partie est traité le sujet cardinal du prélèvement à la source qui représenterait, selon nos deux auteurs, “une vraie modernisation de l’impôt” à condition que la CSG proportionnelle fusionne avec l’IR pour ne plus constituer qu’un seul impôt progressif. Bouhhhh !
“Depuis plus de dix ans, la gauche porte le projet de création d’un impôt progressif comparable en taille à celui de la plupart de nos partenaires européens. Ce projet est d’ailleurs partagé par une partie de la droite, malgré des divergences sur l’importance de la progressivité” (p.36).
Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, il est toujours bon de savoir dès 2015, selon Ayrault et Muet, que la droite (ou une partie de la droite) ne cracherait pas sur une progressivité chérie par les socialistes alors qu’une moderne “Flat Tax” ferait l’affaire de tous, non ?
En second lieu, le député socialiste Razzy Hammadi, avant tout soucieux que tous les Français paient un impôt sur le revenu et non pas seulement la moitié d’entre eux, vient de déposer un amendement devant la commission des Finances visant à établir un IR minimum obligatoire.
S’agirait-il d’une “Flat Tax” à la sauce socialiste appelée à révolutionner notre fiscalité étouffante ? Que nenni. Car si la Flat Tax c’est l’IR proportionnel (i.e.15%) que tout le monde paie et qui ne lèse personne, le système Hammadi c’est la justice de l’impôt par le racket légal :
“Il a précisé avoir déposé deux versions de son amendement : “la première crée une tranche supplémentaire qui devient la première tranche” et entraînerait un “paiement forfaitaire minimum”. La deuxième version consiste à “rajouter une ligne à la feuille d’impôt (...) intitulée ‘cotisation civique minimum obligatoire’, dont le montant est fixé par décret”.*
Être socialiste ? Sauf erreur de ma part, cela consiste à promettre fallacieusement à tous, en faisant miroiter les délices d’une égalité imaginaire, l’accession de tout un chacun à un bonheur partagé entre tous au prix fort de l’abandon de sa liberté individuelle au seul profit d'une nomenklatura.
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Librement !
Philippe S. Robert
FRANCE
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